Cette BD autobiographique de la finlandaise Tiitu Takalo raconte la vie après un grave AVC : la fatigue, les troubles de la concentration, l’altération des capacités de travail. Elle dépeint la honte de devoir s’arrêter, la peur de ne plus savoir faire son métier, les difficultés à reprendre “comme avant” puis à adopter de nouvelles habitudes. Elle aborde la gestion des émotions, la peur de la mort, les angoisses, les doutes, l’estime de soi qui flanche et les besoins d’accompagnement qui en découlent pour sa santé mentale.
En un mot, ce livre nous confronte au choc de finitude, ce choc suffisamment fort pour que nos certitudes soient bouleversées et que notre trajectoire soit déviée. Pourtant, c’est loin d’être un livre sombre. A mesure qu’elle essaie de s’en sortir, l’auteur accueille les questions qui comptent, comme le fait d’avoir vécu en accord avec ses valeurs, d’avoir réalisé ses rêves, d’avoir essayé un autre métier ou d’avoir cultivé ses différents talents.
Frôler la mort change souvent le rapport au temps et à la vie, et amène à redéfinir ses priorités, notamment dans la sphère professionnelle. Et c’est loin d’être évident, surtout pour les personnes qui se sont longtemps définies par leur travail.
“Qu’est-ce que j’ai compris de tout ça ? Que le travail m’importe beaucoup. Je me définis par mon travail. Je me mesure en tant qu’être humain par la quantité et la qualité de mon travail et si je n’arrive pas à travailler, cela me pèse. Mais alors, quelle est ma valeur propre ? Sans rien faire, sans travailler, quelle est ma valeur ?”, page 216.
Des questions essentielles qui invitent à l’introspection et à prendre soin de soi, de sa santé et de sa carrière de manière préventive, sans attendre de vivre un tel drame.